L’évolution de l’épidémie de VIH/sida dans les départements d’outre-mer demeure préoccupante et ne paraît toujours pas maîtrisée. Le taux d’incidence du sida est près de sept fois plus élevé qu’en métropole : 17 nouveaux cas de sida pour 100 000 habitants contre 2,5 dans l’hexagone entre 2001 et 2002. Au sein de cet ensemble, de grandes disparités subsistent : durant la même période, la Guyane a enregistré 43 cas pour 100 000 habitants contre seulement 3 pour la Réunion.

En dépit de leur éloignement, ces territoires sont des départements français à part entière au sein desquels une telle situation sanitaire ne saurait être tolérée. Il est donc apparu nécessaire aux membres du Conseil national du sida, institution indépendante chargée de fournir des avis aux pouvoirs publics en matière de lutte contre le VIH/sida, de procéder à un état des lieux de cette épidémie dans les départements d’outre-mer et de formuler des recommandations.

Depuis le rapport de 1996 du CNS sur le sida dans les départements français d’Amérique, des progrès ont été réalisés en matière d’infrastructures, notamment hospitalières mais l’arrivée des antirétroviraux a modifié la gestion de l’épidémie. Des problèmes se posent aujourd’hui en matière d’accès à des soins qui n’existaient pas il y a quelques années et de nombreuses difficultés subsistent quant à la prise en charge et au suivi des patients, à la prévention ou au respect de la confidentialité.

Face à cette situation, le Conseil national du sida adresse des recommandations aux services de l’Etat et des collectivités territoriales, ainsi qu’aux élus locaux et aux personnels médicaux.

En particulier, le Conseil national du sida :
- Souhaite un engagement fort de la part de l’Etat qui doit s’appuyer sur ses services de santé et promouvoir une politique générale d’éducation à la santé et à la sexualité ;
- Appelle les conseils généraux à assumer leur part de responsabilité en matière de santé publique ;
- Préconise un effort accru de formation des personnels médicaux et une plus grande coordination entre les professionnels libéraux et hospitaliers ;
- Demande que l’accès aux soins soit garanti et la prise en charge sociale assurée, quelle que soit la nationalité de la personne séropositive ;
- Suggère la mise en place d’une véritable coopération avec les pays voisins des départements d’outre-mer dans la lutte contre le sida.

Maladie de la précarité et de l’exclusion sociale, le VIH/sida trouve un terrain de prédilection en Guyane, département français où l’épidémie est la plus forte. En dépit de l’investissement de certaines personnes, l’épidémie n’y est pas maîtrisée.

A cet égard, le VIH/sida est un révélateur des déficiences structurelles d’un système de santé : les faiblesses de la politique de lutte contre le VIH/sida, relevées lors de la mission du CNS en Guyane, mettent en évidence les lacunes du système de santé guyanais dans son ensemble.

Une lutte plus efficace est cependant possible : elle repose sur une analyse approfondie des mécanismes mis en échec et sur un investissement administratif et politique réel.

C’est pourquoi, le CNS, dans le souci d’améliorer la gestion de l’épidémie de VIH/sida, recommande la mise en oeuvre d’un plan général, sanitaire et social en Guyane, au-delà des considérations propres à cette pathologie. Il exprime par là-même la volonté de contribuer à l’amélioration globale des conditions de vie de la population.

Le Conseil national du sida est conscient des difficultés importantes que doivent surmonter les autorités locales. Le Conseil inscrit donc sa démarche dans une perspective résolument positive d’aide à la réflexion en vue d’améliorer le fonctionnement des dispositifs existants.