A la veille de l’examen, par le tribunal de grande instance de Paris, de la plainte pour « troubles de voisinage » formulée par l’association OLIVE 18 contre la « Boutique » de l’association CHARONNE et le « Sleep-in » de SOS DROGUE INTERNATIONAL, le Conseil national du sida réaffirme avec force son attachement aux structures d’accueil qui se donnent pour objectif la réduction des risques de contamination par le VIH et le VHC chez les usagers de drogue.
Récente et encore fragile, la politique de réduction des risques est gravement menacée par les actions en justice à l’encontre des pratiques de substitution (mise en examen du docteur Labarre) et des structures de première ligne (déplacement de la Boutique Beaurepaire à Paris, procédure judiciaire en cours à Montpellier). Cette politique est pourtant soutenue par la plupart des acteurs impliqués dans la prise en charge des toxicomanes. De plus, elle a été inscrite comme priorité dans le plan triennal 1999/2001 de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), avec l’appui du Premier ministre.
Dans un rapport et avis du 8 juillet 1993 relatifs à « l’infection par le VIH des usagers de drogue », le Conseil national du sida avait vivement approuvé l’émergence de ces structures d’accueil, de soutien et d’hébergement d’urgence. Il jugeait nécessaire et légitime leur implantation dans les quartiers les plus touchés par la toxicomanie au nom des principes suivants : la diversité des réponses à apporter aux différentes situations et catégories d’usagers de drogue ; le caractère adapté de ces lieux aux usagers les plus marginalisés qui peuvent ainsi, dans un premier temps, sortir de la clandestinité.
Sans se prononcer sur l’ensemble des arguments des parties en présence, le Conseil national du sida rappelle que la « Boutique » et le « Sleep-in » ont été implantés, à la demande de la DDASS, dans le 18ème arrondissement, qu’ils sont actuellement engagés dans un processus de concertation et de médiation avec d’autres associations d’habitants, et qu’ils sont d’autant plus exposés que les lieux de ce type sont à ce jour en nombre insuffisant, en particulier à Paris.
Attachant une importance particulière à la concertation préalable avec les habitants, le Conseil national du sida reconnaît que les nuisances dont ils se plaignent doivent être prises en considération. Mais il estime aussi que la politique de réduction des risques doit être appréciée au regard des enjeux de la prévention en matière de toxicomanie et de lutte contre le développement de l’épidémie de sida dans la société française.