Communiqué de presse
Alors que la 22e conférence internationale consacrée à la lutte contre le VIH/sida débute aujourd’hui à Amsterdam, plusieurs signaux d’alarme viennent d’être émis qui font douter de la capacité de parvenir, malgré les progrès accomplis, à l’objectif fixé d’une maitrise générale de l’épidémie en 2030. Ainsi, le rapport d’ONUSIDA sur les données disponibles en 2017 [1] alerte sur l’efficacité insuffisante des stratégies de lutte contre le VIH/sida, à de multiples niveaux incluant la lutte contre les discriminations et les violences de genre, ainsi que l’accès à la prévention et au dépistage. En France, l’épidémie de VIH ne diminue pas et le nombre de nouveaux diagnostics progresse moins vite que celui des nouvelles infections. Une augmentation importante du nombre des diagnostics d’infections à chlamydia et à gonocoque a récemment été rapportée par Santé Publique France, en particulier chez les jeunes.[2] Ces données confirment l’insuffisance des actions de prévention et de dépistage.[3]
Au titre des stratégies actuelles, il est urgent d’amplifier le déploiement et de poursuivre la diversification des actions de prévention et de dépistage du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST). L’offre de tests « rapides », d’autotests[4] ou encore de PrEP doit être renforcée au plus près des personnes les plus exposées au risque.
En complément de ces efforts, des stratégies innovantes de réponse à l’épidémie VIH doivent être envisagées. Ainsi, favoriser le dépistage des partenaires sexuels des personnes atteintes d’IST par la mise en place de services d’accompagnement à l’information des partenaires contribuerait à rompre les chaînes de transmission.[5] En outre, dans le contexte des outre-mer, où l’épidémie est particulièrement active, développer une offre globale et mobile de prévention et de dépistage[6] permettrait d’atteindre une partie importante des communautés qui demeure éloignée du système de soins ; soutenue par des relais communautaires, cette approche doit permettre le dépistage simultané de l’ensemble des IST, voire d’autres pathologies non-transmissibles (hypertension artérielle, diabète…). Dans ses conclusions rendues à la veille de la conférence, une commission internationale composée d’experts et d’intervenants de la lutte contre le VIH/sida a également exprimé l’intérêt d’une telle approche décloisonnée.[7]
Ce n’est qu’au prix de ces efforts et innovations, impliquant l’ensemble des intervenants (soignants, acteurs communautaires, pouvoirs publics et bailleurs) que les objectifs ambitieux fixé à la lutte contre le VIH/sida redeviendront crédibles, y compris en France.
Contact : Julien Bressy, Chargé de communication, 01 40 56 68 52 | 06 35 26 85 71 | julien.bressy@sante.gouv.fr
[1] UNAIDS, Miles to go – closing gaps, breaking barriers, righting injustices (juillet 2018)
[2] Santé Publique France, Estimations nationales et régionales du nombre de diagnostics d’infections à Chlamydia et à gonocoque en France en 2016 (juillet 2018)
[3] CNS, Avis suivi de recommandations sur la prévention et la prise en charge des IST chez les adolescents et les jeunes adultes (février 2017)
[4] CNS, Avis suivi d’un rapport sur les autotests de dépistage de l’infection à VIH (mars 2013)
[5] CNS, Avis suivi de recommandations sur la notification formalisée aux partenaires (février 2018)
[6] CNS, Avis et recommandations sur la prévention et la prise en charge des IST en Guyane et dans les Antilles françaises (janvier 2018)
[7] The International AIDS Society – Lancet Commission, Advancing global health and strengthening the HIV response in the era of the Sustainable Development Goals (juillet 2018)