Communiqué de presse

Depuis la découverte du virus du VIH il y a quarante ans, la prévention et le traitement de l’infection par le VIH se sont radicalement transformés grâce aux avancées scientifiques, éthiques et sociétales, ainsi qu’à la mobilisation des professionnels de santé et des associations. En 2022, le nombre de nouvelles infections dans le monde a atteint son niveau le plus bas depuis trente ans. Aujourd’hui, une personne séropositive sous traitement efficace a la même espérance de vie qu’une personne séronégative. L’objectif de mettre fin à la transmission du VIH en 2030 est à notre portée. Mais le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) rappelle que, pour y parvenir, la vigilance et une mobilisation redoublées de l’ensemble des acteurs est indispensable.

Diffuser et clarifier les messages clés pour lutter contre la discrimination

Les populations clés exposées au VIH/Sida subissent des discriminations liées à leur identité de genre, leur origine, leur orientation sexuelle, la consommation de drogues et leur statut d’étranger. Ces discriminations accroissent leur vulnérabilité au VIH. Au même titre que la poursuite de la recherche scientifique, la lutte contre la discrimination, la sérophobie et les LGBTphobies contribue à la lutte contre le VIH. Au centre de la réflexion visant à améliorer l’accès de la population aux enjeux de santé sexuelle, cette lutte s’appuie sur une approche globale basée sur une stratégie ambitieuse de santé publique dans les domaines de l’information, de la prévention et de l’éducation à la santé.

Réaffirmer l’égalité des droits et la solidarité comme des principes fondamentaux de santé publique

L’expérience de la lutte contre le VIH/Sida a montré que renforcer et faciliter l’accès des personnes à leurs droits, en particulier chez les plus vulnérables, est une condition sine qua non au contrôle de l’épidémie. Le CNS a donc récemment alerté, dans une lettre ouverte au président de la République, sur les conséquences que pourraient avoir la restriction des droits à l’aide médicale d’Etat (AME) et sa transformation en aide médicale d’urgence. Le dispositif de l’AME et celui du droit au séjour pour soins, qui font l’objet des débats parlementaires de cette fin d’année, doivent être maintenus et renforcés. L’enjeu est d’améliorer l’accès à la prise en charge médicale des personnes étrangères présentes sur le territoire, qu’elles soient en situation régulière ou non, et de ne pas majorer le risque d’aggravation épidémique chez l’ensemble des personnes vivant en France.

Accompagner les professionnels de santé dans l’appropriation
et la mise en œuvre des stratégies combinées

Enfin, il faut saluer l’engagement des professionnels de santé qui a, depuis quarante ans, permis de rendre opérantes les stratégies de prévention, de dépistage et de prise en charge. Pour les accompagner dans l’appropriation et la diffusion des solutions qui existent, le CNS co-signe avec l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes une lettre ouverte aux soignants, qui revient sur les grands principes permettant de tendre vers l’élimination de la transmission du VIH. Il est essentiel que la combinaison d’interventions médicales et non médicales efficaces pour y parvenir soit promue plus largement auprès des personnes à l’occasion de leurs contacts avec le système de santé : la proposition de dépistage du VIH en présence d’indicateurs d’exposition ou devant des signes de primo-infection, la prescription de la prophylaxie préexposition (PrEP) chez les personnes exposées, le traitement précoce des personnes nouvellement diagnostiquées et l’évocation des sujets de santé sexuelle doivent être mis en œuvre de manière systématique.

L’expérience de la lutte contre le VIH repose sur des savoirs et des pratiques, promus par un ensemble d’acteurs – chercheurs, soignants, personnes vivant avec le VIH et/ou militants –, qui ont prouvé leur efficacité. Pour atteindre les objectifs de l’ONUSIDA auxquels la France a souscrit, le CNS tient à rappeler qu’une action de santé publique efficace nécessite la réaffirmation des principes d’égalité des droits, de solidarité et de lutte contre les discriminations. La fin de la transmission du VIH d’ici 2030 est possible, mais elle est conditionnée aux principes de respect de la dignité et de l’autonomie des personnes et d’équité dans l’accès aux droits et à la santé.


Contact : Laetitia Barth, Chargée de communication
01 40 56 68 52 | 06 59 44 16 04 | laetitia.barth@sante.gouv.fr