Un dépistage obligatoire du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) pendant la grossesse permettrait-il d’éviter que certains enfants naissent contaminés par ce virus ?

Dans un avis adopté à l’unanimité le 14 mars 2002, relatif au dépistage de l’infection par le VIH au cours de la grossesse et à la prévention périnatale de la contamination de l’enfant, le Conseil national du sida (CNS) se prononce de nouveau pour une démarche de dépistage libre et éclairée [1]. Alors que les traitements permettent désormais une réduction drastique de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, le CNS assortit cet avis de recommandations visant à améliorer l’efficacité globale du dispositif de prévention.

Le dispositif incitatif actuel, qui prévoit la proposition par le médecin d’un dépistage du VIH lors de la première consultation prénatale, est efficace car il est massivement accepté. Un éventuel dépistage obligatoire peut compromettre la relation de confiance, d’information et de conseil qui s’instaure lors de la proposition de test entre le médecin et le patient. De plus, il n’offre aucune garantie d’acceptation des traitements.

Pour le CNS, les cas de transmission du virus par des mères dont l’infection n’a pas été diagnostiquée relèvent plutôt d’un suivi prénatal incomplet ou de leur contamination en cours de grossesse.

Pour réduire les risques de transmission du VIH de la mère à l’enfant, le Conseil national du sida recommande notamment :
- que les structures d’accompagnement social et médical accueillant des femmes enceintes informent sur l’intérêt du dépistage du VIH ;
- que les conseils de prévention soient renouvelés tout au long de la grossesse ;
- que les pouvoirs publics modifient la loi existante [2] en y incluant deux nouvelles propositions de test, l’une au 6ème mois de grossesse, l’autre lors de l’ultime visite prénatale ;
- que la sensibilisation des cliniciens aux risques de l’allaitement au sein pour les femmes séropositives soit accrue.

Le Conseil national du sida réaffirme ainsi son attachement au principe du consentement libre et éclairé de la personne à se faire dépister.

Notes

[1]Une position déjà adoptée dans le « Rapport suivi d’un avis sur le dépistage obligatoire ou systématique du VIH » de décembre 1991.

[2]Art. L. 2122-1 du code de la santé publique résultant de la loi n° 93-121 du 27 janvier 1993.