Communiqué de presse

Alors que des attaques contre la recherche scientifique et l’accès aux soins se multiplient, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) fait part de sa vive inquiétude face aux menaces qui pèsent sur la lutte contre le VIH/sida. Il tient à rappeler que l’accroissement des inégalités d’accès aux traitements met en danger des décennies de progrès dans les domaines de la prévention et des soins.

Un recul alarmant  

Le programme états-unien PEPFAR, dont les financements sont actuellement gelés, fournit des services vitaux aux personnes vivant avec le VIH et soutient des actions de prévention dans 55 pays, principalement en Afrique subsaharienne. L’ONUSIDA a récemment estimé que l’arrêt de son financement, conjugué au démantèlement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), provoquerait 6,3 millions de décès supplémentaires liés au VIH/sida[1]. Une étude par modélisation[2] qui inclue les baisses de financements internationaux, principalement du fait des Etats-Unis, évoque jusqu’à 10,75 millions de nouvelles infections d’ici 2030 dans les pays à revenu limité, dont près de 900 000 chez les enfants.  Selon une enquête récente[3], 55 % des partenaires d’un réseau d’associations concernées subissent une réduction ou un arrêt de leurs activités de dépistage et de prise en charge des populations les plus vulnérables, tandis que 37 % d’entre elles signalent des ruptures d’approvisionnement en produits essentiels, tels que le traitement pré-exposition (PrEP) et les préservatifs, compromettant drastiquement les efforts de prévention. Le constat d’une véritable rupture dans la continuité des services de santé vitaux pour des millions de personnes est sans appel : elle expose le monde à une recrudescence sans précédent de l’épidémie.

Lutter contre les discriminations et promouvoir la recherche : des priorités à réaffirmer

Le contexte actuel favorise la mise en place de mesures discriminatoires. Ainsi, nombre d’acteurs rapportent devoir désormais limiter la distribution de la PrEP aux seules femmes enceintes, excluant de fait toutes les autres femmes et les autres populations clés exposées, comme les personnes LGBTQIA+, les personnes usagères de drogues injectables ou encore les travailleuses et travailleurs du sexe. Ce recul de l’offre de soins renforce les inégalités d’accès et aggrave la stigmatisation de ces groupes, déjà victimes de multiples discriminations. Cette marginalisation accrue favorise la transmission du virus en éloignant les populations concernées des services de prévention. Par ailleurs, l’arrêt des programmes de recherche compromet le déploiement de nouveaux outils de prévention et de traitements innovants.

Dans un tel contexte, il est essentiel de maintenir une réponse forte et coordonnée des Nations Unies, de l’Union européenne et de ses États membres, face à la pandémie de VIH/sida. Le CNS appelle donc les décideurs politiques à faire de cette priorité un axe central de l’engagement français dans la riposte mondiale. Il s’agit de préserver l’influence européenne dans l’agenda de la santé mondiale pour atteindre l’objectif d’élimination du virus d’ici 2030, et garantir un accès équitable à la prévention et aux soins.


[1] ONUSIDA. (2025, 20 janvier). About the impact of US funding cuts on the global HIV response.

[2] ten Brink, D., Martin-Hughes, R., Bowring, A. L., Wulan, N., Burke, K., Tidhar, T., Dalal, S., & Scott, N. (2025). Impact of an international HIV funding crisis on HIV infections and mortality in low-income and middle-income countries: A modelling study. The Lancet HIV, 12(3), 200-210. https://doi.org/10.1016/S2352-3018(25)00074-8

[3] Coalition PLUS. (2025, 28 février). Enquête Santé mondiale et VIH : Les partenaires de Coalition PLUS ébranlés par le gel de l’aide américaine. https://www.coalitionplus.org/2025/02/28/enquete-sante-mondiale-et-vih-les-partenaires-de-coalition-plus-ebranles-par-le-gel-de-laide-americaine/

Contact: Laetitia Barth, Chargée de communication  06 59 44 16 04  laetitia.barth@sante.gouv.fr