La Commission fédérale suisse pour les problèmes liés au sida (CFS), dans une communication destinée aux médecins, publiée ce jour dans le Bulletin des médecins suisses, estime pouvoir affirmer que les personnes séropositives au VIH sous traitement antirétroviral, dans certaines conditions garantes de l’efficacité du traitement, ne sont pas susceptibles de transmettre le virus par voie sexuelle.
Elle s’appuie pour cela sur les données fournies par les études épidémiologiques réalisées dans différentes populations, ou parmi des couples sérodifférents, qui montrent que l’utilisation des traitements puissants actuels réduit le risque de transmission de 60 % à 80 % dans les populations étudiées.
Ces données pourraient en effet permettre d’envisager que les traitements actuels puissent devenir un jour un outil parmi d’autres des politiques de prévention au niveau collectif et de contrôle de l’extension de l’épidémie. Progressivement accumulées depuis 2000, elles ont d’ailleurs permis aux autorités de santé des Etats-Unis d’introduire la réduction du risque de transmission parmi les objectifs des traitements antirétroviraux dans leurs dernières recommandations émises en décembre 2007. Elles devraient également être examinées par le groupe d’experts français dans le cadre de la mise à jour de ses recommandations en 2008.
Cependant, les données permettant d’extrapoler la réduction du risque d’un niveau collectif à des situations individuelles restent trop préliminaires pour permettre des recommandations individuelles. En effet, les études observationnelles réalisées sur des couples sérodifférents et bénéficiant de traitements concernent au maximum une soixantaine de couples suivis pendant des périodes limitées à moins de quatre ans. Même si aucun cas de contamination n’a été constaté sur ces observations, les échantillons sont trop faibles pour exclure un risque de manière suffisamment fiable. Il apparaît donc prématuré à ce jour d’établir sur les données existantes des recommandations individuelles, qui doivent continuer à promouvoir les méthodes de prévention éprouvées, notamment l’usage du préservatif.
Pour autant, l’hypothèse qu’un traitement efficace puisse abolir la transmission ne peut être écartée. Par conséquent, de nouvelles recherches doivent venir compléter les données existantes.
Face à la complexité des enjeux de santé publique soulevés, le Conseil national du sida a décidé de réunir une commission de travail qui s’attachera à partir des données existantes à en dégager les implications éthiques, politiques et sociales.